Armoiries de Saint Cirgues sur Couze


 

Dossier de restauration du château de Saint-Cirgues sur Couze

Par Monsieur Karoutzos


 

 

Association de rénovation du château de Saint Cirgues sur Couze

Projet initial


 

 

Le Journal de la Couze Pavin

du 29 mars 1990


 

 

Notes de Jeanne BARD-PETIOT


 

 

Articles journal La Montagne


 

DOSSIER DE RESTAURATION DU

CHÂTEAU DE SAINT-CIRGUES-SUR-COUZE

Inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques

AXES PRIORITAIRES, CRÉATION DE RICHESSES, ATTRACTIVITÉ ET ACCESSIBILITÉ
DU TERRITOIRE ET LEURS DÉCLINAISONS STRATÉGIQUES

OBJECTIF

L’objectif à atteindre à travers la restauration du château de Saint-Cirgues sur-Couze est économique, social et culturel.

• Dégager les éléments significatifs du poids du patrimoine dans l’économie régionale.

• Démontrer qu’il s’agit d’un secteur en mutation et un enjeu de développement : la valorisation du patrimoine s’inscrit désormais dans une perspective de politique intégrée, d’attractivité et de dynamisation des territoires.

• Mettre en exergue l’évolution de la représentation du rôle économique joué par le patrimoine : l’enjeu n’est plus seulement de le protéger mais de l’animer et le valoriser. Il s’agit désormais d’une approche dynamique. Contrairement aux idées reçues, le patrimoine n’est pas seulement source de dépenses pour l’Etat mais, bien géré, il peut s’autofinancer et générer des bénéfices.

• Montrer que le patrimoine répond à un réel besoin contemporain.

La mesure et la prise en compte de l’impact économique, social et culturel du patrimoine sur un territoire représentent un enjeu déterminant pour les acteurs (collectivités, gestionnaires, entreprises) qui interviennent dans sa préservation, sa rénovation, sa valorisation. Cet état des lieux général (financements, visiteurs, métiers, compétences, entreprises) permettra de co-produire et diffuser aux principaux acteurs concernés des repères et indicateurs, facilitant la mise en œuvre de programmes d’action prenant en compte les évolutions de ce secteur.

Les monuments historiques multiplient les animations culturelles, longtemps la France s’est contentée de protéger son patrimoine. Aujourd’hui, elle l’anime et le valorise. Festivals et animations ne se comptent plus. Même les communes les plus reculées font connaître leurs spécificités.

C’est bien connu, l’Hexagone regorge de vieilles pierres, de plus en plus appréciées des touristes et des promeneurs. La France ne compte pas moins de 14 041 monuments classés auxquels s’ajoutent 26 756 autres inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, soit 40 797 édifices protégés. Les régions les plus richement dotées sont l’Ile-de-France avec 3 674 sites, devant la Bretagne (2 920 sites), le Centre (2 578), l’Aquitaine (2 547) et Midi-Pyrénées (2 450). Parmi les départements les plus privilégiés, Paris compte 1 750 monuments historiques protégés. Figurent aussi le Morbihan (899), le Calvados (882), la Gironde (870) l’Indre-et-Loire (838), la Dordogne (830) et le Bas-Rhin (818).

Ce patrimoine fait l’objet de diverses animations (concerts, visites en costumes, festivals, pièces de théâtre, tournages, lectures, etc.) s’ouvrant à un public de plus en plus large. Si l’on s’en tient aux seuls visiteurs « classiques », les monuments gérés par le Centre des monuments nationaux ont enregistré en 2001 plus de 8 millions de visiteurs, dont 1 million pour l’abbaye du Mont Saint-Michel et pour l’Arc de triomphe, 700 000 pour le château de Chambord et pour la Sainte-Chapelle, 500 000 pour le Haut-Koenigsbourg. Du fait de leur notoriété internationale, ces cinq monuments reçoivent 65 % de visiteurs étrangers contre 35 % de français. Leur public se situe essentiellement dans les tranches d’âge de 21 à 50 ans et possède à 64 % un niveau d’études supérieur.

Mais, d’autres sites protégés, non gérés par le Centre des monuments nationaux, sont également très fréquentés, comme la Tour Eiffel (6,6millions de visiteurs), le château de Chenonceau (850 000), le Palais des papes (600 000), le palais Garnier (500 000), les Hospice de Beaune (440 000).

Créé en 1985, le label « Ville et Pays d’art et d’histoire », attribué par la Direction de l’architecture et du patrimoine (ministère de la Culture) aux collectivités locales qui possèdent un patrimoine important et s’engagent à le valoriser, a contribué à dynamiser les monuments. La centaine de Villes et Pays d’art et d’histoire présents dans toutes les régions de l’Hexagone et un département d’outre-mer a accueilli 1,4 million de visiteurs en 2001. Les régions les plus représentées dans cette démarche sont Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Rhône-Alpes, avec chacune neuf sites, la Bretagne (huit) la Bourgogne et la Picardie (sept).

Depuis, les collectivités territoriales ont pris conscience de l’engouement du public pour le patrimoine. Des festivals proposent 1 100 spectacles chaque année. Parmi les animations qui se déroulent dans les monuments protégés, les festivals sont de plus en plus nombreux. Si celui d’Avignon, avec son Palais des papes, est le plus emblématique, pas moins de 1 100 spectacles sont présentés dans des lieux de patrimoine. Les festivals attirent de plus en plus de public. Selon France Festivals, qui réunit 81 manifestations adhérentes, les spectateurs étaient au nombre de 899 505 en 2002, générant un impact économique de plus de 38 millions d’euros dans les régions concernées, dont 26 % sont directement réinjectés dans l’économie locale (prestation hôtelières, restaurants, souvenirs, etc.). Les festivals font travailler environ 14 250 interprètes et 5 000 administratifs. En outre, il signent chaque année environ 620 contrats de mécénat et partenariat. Généralement, plus le festival est ancien, plus il attire de spectateurs.

Le château de Saint-Cirgues-sur-Couze est situé dans le pays d’Issoire, Val d’Allier qui porte le label de pays d’art et d’histoire. Le château et son parc peuvent représenter une opportunité pour des animations et toute une politique culturelle. Nous pensons mettre en place un festival de jazz, une compagnie théâtrale, organiser des colloques, des ventes aux enchères de prestige, ainsi que des échanges avec les régions françaises et européennes. A travers ces manifestations, nous devons dégager les éléments significatifs du poids du patrimoine dans l’économie régionale, démontrer qu’il s’agit d’un secteur en mutation et un enjeu de développement.

La valorisation du patrimoine s’inscrit désormais dans une perspective de politique intégrée, d’attractivité et de dynamisation des territoires.

NOTICE HISTORIQUE

Une succession interrompue de lignages célèbres.

A l’origine, la seigneurie de Saint-Cirgues relevait de possessions des Dauphins d’Auvergne (XIIe – XVe siècles). Les chartes médiévales mentionnent une famille du nom de Saint-Cirgues qui semble avoir tenu en fief jusqu’en 1474 la terre et le village de Saint-Cirgues, ainsi qu’une première construction féodale.

Vers 1460, la seigneurie fut acquise par un bourgeois d’Issoire nommé Austremoine Bohier. Anobli en 1490, ce personnage fit une carrière prestigieuse auprès de plusieurs rois de France et fut notamment argentier des rois Louis XI et Charles VII.

Son fils Thomas conforta au début du XVIe siècle l’ascension de la famille Bohier et fut successivement Général des Finances de Normandie, Chambellan et Lieutenant du Roi en Italie. Louis XII érigea à son profit Saint-Cirgues en baronnie. Thomas Bohier acquit un peu plus tard les seigneuries de Champeix et de Saunier et étendit également à partir de 1501 sa propre justice sur Perrier, Chidrac, Pardines….

C’est à Austremoine Bohier, puis surtout à son fils Thomas que l’on doit, au début du XVIe siècle, la construction du château de Saint-Cirgues (leurs armoiries sont portées sur les clefs de voûte de la chapelle et des dégagements du rez-de-chaussée). Thomas Bohier et sa femme Catherine, fille du Cardinal-archevêque de Reims, firent également bâtir le château de Chenonceau (la galerie fut ajoutée par Catherine de Médicis) ainsi que celui de Marsat près de Riom, brûlé pendant la Ligue.

Leurs fis et petit-fils Antoine et Jehan Bohier furent également seigneur et baron de Saint-Cirgues. Compromis dans l’affaire dite de la « trahison du Connétable de Bourbon », Jehan Bohier entra alors en disgrâce auprès de François 1er et le château de Saint-Cirgues lui fut confisqué au profit du Connétable de Montmorency.

En 1578, la baronnie de Saint-Cirgues fut érigée en Comté au profit de la famille des Montboissier-Beaufort-Canillac. La légende rapporte qu’à la fin du XVIe siècle, Marguerite de Valois, retenue prisonnière au château d’Usson par le Marquis de Canillac, obtint une semi-liberté en gagnant l’amour de ce dernier et le renvoya dès lors à Saint-Cirgues cueillir ses pommes » !

Lorsque le dernier Montboissier seigneur de Saint-Cirgues mourut sans postérité en 1725, le Comté de Saint-Cirgues fut mis en adjudication et acquis en 1732 par Yves de Tourzel d’Allègre, Maréchal de France.

Les Montmorency, les Montboissier-Canillac, ainsi que le Maréchal d’Allègre semblent avoir peu modifié le château, à la différence de la fille de ce dernier, Marie-Marguerite de Tourzel-d’Allègre, comtesse de Rupelmonde. Après avoir mené une vie de cour brillante, elle se retira à Saint-Cirgues où elle mourut en 1752. Elle fut l’amie de Voltaire, lequel célébra sa beauté en vers.

En 1789, Saint-Cirgues faisait partie du Marquisat de Tourzel et appartenait à Luis de Bouchet de Sourches dont la femme fut gouvernante des enfant de Louis XVI de 1789 à 1792. Celle-ci réchappa de la tourmente révolutionnaire et vécu ensuite entre les châteaux de Saint-Cirgues d’Abondant et de Meillant. Louis XVIII érigea en son honneur Tourzel en Duché en 1816.

Une de leur petite fille est plus connue sous le nom de Duchesse Des Cars, tandis que sa sœur Anne épousa le comte d’Hunolstein en 1830. La famille d’Hunolstein sera la dernière propriétaire des lieux, avant que le château ne soit racheté par la société Rhodiaceta vers 1950.

LE CHÂTEAU

Construit au début du XVI’ siècle pour une famille de fonctionnaires royaux en pleine ascension sociale, le château du Saint-Cirgues reproduisait alors le plan d’une forteresse féodale du Moyen-Âge, avec ses attributs défensifs classiques : douves, tours d’angles, créneaux.

Néanmoins, comme le laisse supposer le site – l’agréable basse vallée de la Couze-Pavin – la fonction résidentielle fut sans doute prépondérante dès l’origine et les éléments défensifs purement symboliques et ornementaux.

Au XVIIIe siècle, la comtesse de Rupelmonde s’attacha à faire disparaître une bonne partie des dispositifs défensifs, à l’exception d’une échauguette posée sur mâchicoulis au-dessus du porche d’entrée, et des créneaux du mur d’enceinte de la cour intérieure. Les tours et le « donjon » furent coiffées de dômes et les créneaux percés de larges baies ouvrant sur les pelouses du parc.

Elle fit également encastrer au-dessus de la porte principale un large bandeau de pierres sculptées où les armes de Lens et de Tourzel se voyaient accolées sous une couronne et un manteau « d’allure ducale ».

N’ayant été ni vendu ni pillé durant la Révolution, le château conservait au milieu du XIXe siècle un important mobilier, dont des tapisseries et des portraits attribués à Rigaud, Van Loo, Mignard, Largillière…

Une campagne de restauration menée au XIXe siècle dans le style néogothique transforma quelque peu le château dans un esprit « romantique ».

Transformé vers le milieu du XXe siècle en colonie de vacances par la Société Rhodiaceta, alors propriétaire des lieux, le château a été victime en 1990 d’un incendie qui a détruit une grande partie des corps de logis, épargnant néanmoins les quatre tours ainsi que la chapelle. Actuellement propriété de la commune, il a été inscrit le 8 février 2002 à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.

Malgré ces différents remaniements, le château de Saint-Cirgues constitue aujourd’hui un rare et précieux témoignage de l’architecture du début de la Renaissance en Auvergne. Il conserve également de nombreux éléments de décor intérieur (boiseries, dallages, balustres, cheminées …) des XVIIIe et XIXe siècles.

D’après le guide Chamina «Pays coupé, Lembron et Couze», le «Dictionnaire des communes du Puy-de-Dôme» et «Le château de Saint-Cirgues en Basse Auvergne» par Émile Roux (article extrait d’Auvergne, cahier d’étude régionales, 1950, n°2).

INTERVENTIONS D’URGENCE

Après l’incendie de 1990, le château a été très fortement endommagé. Des travaux s’avérant très urgent devront permettre une mise en sécurité. Nous avons deux types de désordres :

• Ceux créés par l’incendie.

• Ceux créés par les intempéries depuis maintenant 16 ans, le clos et le couvert n’étant plus assurés.

La nature des pathologies sont donc très nombreuses : la charpente et les couvertures ont disparu pour le côté Est et le côté Nord, les quatre tours ont été épargnées, des arbres poussent à l’intérieur de l’édifice, des lambris du XVIIIe siècle ainsi que des parquets sont totalement ou partiellement détruits suivant les zones, les décors de la chapelle sont également très ruinés, les croisées d’ogive d’une pièce voûtée sont dans un état d’altération alarmant. Heureusement il reste encore de très beaux volumes et de nombreuses pièces qui ont été épargnées où nous pouvons admirer la qualité architecturale.

Partie architecturale d’urgence – Mettre en place des mesures conservatoires :

• Déposer toutes les menuiseries, lambris et éléments décoratifs qui peuvent encore être sauvés.

• Assécher l’édifice dans son ensemble par la mise en place d’une toiture provisoire en bac acier pour des raisons esthétiques, il est souhaitable que ces couvertures ne soient pas visibles.

• Evacuer les tonnes de gravats par toute méthode adaptée.

• Réfection des porte-fenêtre en restauration ou à neuf suivant nécessité.

Estimation des opérations conservatoires pour l’ensemble du château : 450 000 €

Une fois ces opérations d’urgence réalisées, nous mettrons en place un programme de restauration qui sera exécuté par phases et par tranches suivant les priorités qui verront le jour et à partir d’une étude préalable approfondie, sur le plan économique, technique et historique.

Restaurer un monument historique, c’est bien, le faire vivre, c’est mieux, nous allons donc nous attacher à mener, parallèlement à la restauration, des animations culturelles de toutes natures, exemple : concerts, expositions, colloques, etc.

Dans la mesure où notre projet serait retenu, nous vous remettrons une étude très précise mettant en évidence les impératifs budgétaires.

Philippe Garnavault
Vice-Président de l’Association pour la sauvegarde du
château de Saint-Cirgues-sur Couze


 

NOTES RELEVEES par

Jeanne BARD-PETIOT

Le premier cadastre établi vers 1812 – 1815 indique plusieurs moulins sur le territoire de la commune, moulins qui comme presque toutes les terres, appartenaient au seigneur.

Il y avait alors un « ancien béal », dérivation de celui qui existe encore, qui partait du lavoir, longeait le pré de la Gravière par la gauche pour alimenter le moulin qui se trouvait au bout du chemin de la Gravière, dont il reste quelques vestiges. Il devait y avoir un gué, car un chemin aboutissait à la Couze en face de celui de la Gravière, mais pas de pont indiqué sur la carte. Cet « ancien béal », après le moulin, longeait la Couze à quelque distance et la rejoignait à peu près au milieu de la Varenne.

Le château de Saint-Cirgues a appartenu pendant longtemps à la famille des CANILLAC-MONTBOISSIER (famille à laquelle appartint Pierre le Vénérable, réformateur de l’ordre de Cluny au XIIe siècle). Des CANILLAC (pas ceux de Saint-Cirgues) furent décapités, l’un en effigie, l’autre réellement, sur la place de la cathédrale, en 1765 lors des « Grands Jours d’Auvergne ».

Le dernier marquis de CANILLAC, lieutenant général des Armées, comte de Saint-Cirgues, seigneur de Champeix, Perrier, Patelines, Sugères, etc. fut le dernier MONTBOISSIER à posséder Saint-Cirgues. Il mourut en 1725 et en 1732 le comté fut acquis par Yves de TOURZEL, D’ALLEGRE, Maréchal de France, pour la somme de 106 500 livres. A sa mort, l’année suivante, sa fille, Marie-Marguerite D’ALLEGRE-TOURZEL, devint la châtelaine de Saint-Cirgues et vivait à la cour où elle mena une vie brillante.

En 1705, elle avait épousé le comte de RUPELMONDE, colonel aux Armées du roi d’Espagne ; mais son régiment, le RUPELMONDE-WALLON, était à la solde du roi de France.

Le maréchal de RUPELMONDE mourut au combat en 1792. Il avait 28 ans. Veuve après 7 ans de mariage, sa femme reprit sa place à la cour après les dix-huit mois de deuil, vécut près de Madame de MAINTENON à la cour du Régent, puis Dame du Palais de Marie LECZINSKA ; mais après la mort de son fils âgé de quatre ans, elle se retira définitivement à Saint-Cirgues en 1745, et « elle s’adonna aux pratiques d’une piété parfois austère, mais très sincère et très profonde ».

Avant sa mort en 1752, elle avait fait donation du marquisat de Tourzel et Champeix â son petit-neveu, allié par mariage à la famille des MONTMORENCY-LUXEMBOURG. La nouvelle marquise, plus tard duchesse de TOURZEL, fut gouvernante des Enfants de France. Emprisonnée au Temple avec la famille royale et sa fille Pauline, elle fut libérée puis arrêtée de nouveau pendant la Terreur.

Louis XVIII érigea le marquisat en duché. Mme de TOURZEL mourut à 84 ans, son petit-fils fut le dernier à porter ce nom ; à sa mort, Saint-Cirgues échut à l’une de ses sœurs, la comtesse d’HUNOLSTEIN, en 1846, puis à son petit-fils Hervé d’HUNOLSTEIN, célibataire, que nous avons connu. Ses neveux, les BOUILLE, ont vendu Saint-Cirgues à un marchand de biens.

Les TOURZEL avaient toujours été bons pour leurs vassaux qui surent protéger le château pendant la Révolution et le rendre intact à ses propriétaires la tourmente passée.

Joseph FAVART de COURSAT, ci-devant bailli de Saint-Cirgues père du baron FAVART de LANGLADE, et Joseph DESRIBES, notaire et ci-devant procureur d’office de Saint-Flour, servirent de prête-nom.

Malheureusement, un incendie détruisit la partie habitation presque entièrement en 1989, et c’est une perte irréparable.

 

SAINT-CIRGUES

Chef-lieu de commune.

Sanctus Syricus (XIe siècle)

Sanctus Ciricus (1374).

L’église est du XIe siècle. Avant 1789, la cure était à la nomination de l’évêque de Clermont. On remarque, dans le village, une superbe croix en pierre de Volvic, de la fin du XVe siècle, aux armes répétées de Thomas Bohier, seigneur de Saint-Cirgues, et de celles de sa femme, Catherine Briçonnet (un écusson parti au 1er d’un lion grimpant surmonté d’un chef, et au 2è d’un chevron) qui, certainement, l’ont fait.

La Justice

Il n’y avait d’abord pas de baillage à Saint-Cirgues ; mais seulement un juge-châtelain dont les appels étaient portés à Vodable. Le 7 juin 1501, Louis de Bourbon, comte de Montpensier, dauphin d’Auvergne, seigneur de Vodable, permit d’établir un bailli à Saint-Cirgues, lequel ne relèverait plus de Vodable ; et, la même année, au mois d’août, le même autorisa le seigneur déjà nommé à instituer un chancelier ou garde du sceau seigneurial. En 1781, Ardes devint le chef-lieu d’une prévôté royale, comprenant Saint-Cirgues dans son ressort.

Usages

On dit qu’avant 1789 les habitants du village de Saint-Cirgues étaient obligés de se rendre, le lendemain de la fête du village, en visite au château de Saint-Cirgues. C’est ce que l’on appelait « aller à la Chise ».

Le château

Belle et grande construction féodale conservée, avec quatre tours circulaires occupant les angles, créneaux, mâchicoulis, barbacanes, fossés. Quelques parties sont du commencement du XVe siècle ; mais ce manoir a été rebâti en partie, tel que nous le voyons, vers 1495, par Thomas Bohier, seigneur de Saint-Cirgues, le même qui a fait élever le magnifique château de Chenonceau, en Touraine.

On y voit les armoiries de ce dernier en plusieurs endroits et celles de sa femme, notamment dans la chapelle. On y remarque aussi quelques débris de boiseries du XVIIIe siècle dues à un sculpteur de talent nommé Sureau (v. St Julien de Coppel, Champeix). Il y avait dans la grande galerie le portrait d’Austremoine Bohier, que le marquis de Canillac fit enlever et porter, en 1577, dans l’église de Saint-Cirgues où, la même année, il fut brisé par les calvinistes. A cette époque, les soldats du capitaine Merle ouvrirent la sépulture des Bohier, dans la même église, profanèrent leurs restes et jetèrent leurs cendres au vent.

D’après un inventaire de ce château fait en 1565, les quatre tours circulaires portaient les noms de Sainte-Catherine, Sainte-Claire, Saint-Cirgues (c’était la plus grosse) et Saint-Thomas. Il y avait alors soixante dix pièces de tapisseries, dont dix-huit sont conservées actuellement. Le château de Saint-Cirgues a été réparé avec magnificence par M. le baron d’Hunolstein, son propriétaire actuel. La grande salle qui sert de salon est remarquable par les belles boiseries peintes faisant plafond et les tableaux historiques qui la décorent. Dans un vestibule, canon du XVe siècle, trouvé dans le château.

Un nommé Jean Faurel, orfèvre à Paris, fabriquait en 1459, de la fausse monnaie dans le château de Saint-Cirgues. Il fut découvert, arrêté et exécuté à Paris.

Seigneurs

La châtellenie de Saint-Cirgues a d’abord été érigée en baronnie par Louis XII, au profit de Thomas Bohier, par lettres données à Lyon au mois de juillet 1501. Elle fut ensuite érigée en comté, par lettres-patentes du roi Henri III, le 17 février 1578, en faveur de Marc de Montboissier-Beaufort-Canillac, chevalier de Sa Majesté. La comtesse de Rupelmonde la fit comprendre, au commencement du XVIIIe siècle, dans l’érection du marquisat de Tourzel.

Bertrand de Saint-Cirgues était seigneur en partie de Saint-Cirgues en 1201. Autre Bertrand de Saint-Cirgues l’était en 1349 ; et un troisième Bertrand de Saint-Cirgues en 1415. Aymard de Saint-Cirgues le fut en 1467 ; Yves de Saint-Cirgues en 1474. Toutefois, cette famille de Saint-Cirgues n’avait ses droits que sur le village et les alentours ; car le château féodal appartenait, dès l’an 1262, aux dauphins d’Auvergne. Robert, dauphin d’Auvergne, qui le possédait, rapporta la terre de Saint-Cirgues en arrière-fief, au prince Alphonse, en 1262 Hugue, dauphin d’Auvergne, son descendant, qui était seigneur de Saint-Cirgues, se signala dans les armées en 1368, 1369, 1371 ; il accompagna son frère Béraud II au siège de Tunis en 1390 ; il épousa Marguerite de Godet et prenait les titres de seigneur de Saint-Cirgues, Bois-Bon-Parent, Lempde et autres lieux ; il mourut en 1416. Nous venons de dire qu’il était le frère de Béraud II, dauphin d’Auvergne. Celui-ci avait épousé Jeanne de Forez, fille de Guy, comte de Forez, et de Jeanne de Bourbon ; cette dame mourut chez son beau-frère, au château de Saint-Cirgues, le 17 février 1369, et fut enterrée à Clermont-Ferrand dans l’abbaye de Saint-André. Saint-Cirgues vint alors à la maison de Bourbon par le mariage d’Anne, dauphine d’Auvergne, fille de Béraud II qui précède, avec Louis II, duc de Bourbon, et c’est assurément à cette illustre maison qu’il fut acheté par le suivant, vers 1460.

Austremoine Bohier ou Boyer, natif d’Issoire, secrétaire des rois Charles VII, Louis XI et Charles VIII, anobli en 1490, acquéreur du château et de la terre de Saint-Cirgues, épousa Anne du Prat et fut père de :

  • Thomas, qui suit ;
  • Antoine, cardinal et archevêque de Bourges, mort en 1519 ;
  • Henri, bailli de Mâcon, sénéchal de Lyon.

Thomas Bohier, qualifié en 1494 « noble homme maître Thomas Bohier, seigneur de Saint-Cirgues, conseiller maître des comptes et secrétaire des finances du roi » fit bâtir les châteaux de Chenonceau en Touraine et de Saint-Cirgues (Auvergne) ; il remplit les fonctions de général des finances en Normandie (1503), de chambellan des rois Louis XI, Charles VIII, Louis XII. Le 15 septembre 1494, il acheta un moulin à Saint-Cirgues qui, depuis cette époque jusqu’à nos jours, a toujours fait partie de la terre de ce nom. Il avait épousé Catherine Briçonnet, fille légitime du cardinal Guillaume Briçonnet, archevêque de Rheims, et de Raoulette de Beaune, nièce de Robert Briçonnet, chancelier de France. Thomas Bohier mourut en 1523.

Leurs enfants furent :

  • Antoine, dont nous parlerons ;
  • François, abbé de Bernay, évêque de Saint-Malo (1533-1566) ;
  • Gilles, doyen de Tarascon, évêque d’Agde (1546-1561) ;
  • Guillaume, bailli royal de Cotentin, seigneur de Panchien ;
  • Des filles mariées aux seigneurs de Clairvaux, d’Aubière, de la Bastride et de la Fayette. Anne, l’une d’elles, devint la femme de Nicolas de Cerisay.

Antoine Bohier, baron de Saint-Cirgues, seigneur de Chenonceau, Chidrac, Périers, Pardines, Saurien, Champeix, le Mas, la Tour-Boyer, gouverneur de Touraine, prenait ces qualités en 1541, et en 1544, celles de chevalier, conseiller du roi en son conseil privé. Il mourut au mois d’août 1565, ayant eu un fils Jean décédé jeune. Antoine avait fait donation, de son vivant, de la baronnie de Saint-Cirgues au célèbre connétable de France, Anne de Montmorency. Voici dans quelles circonstances : bien jeune encore, il avait eu des relations avec le connétable Charles de Bourbon, protecteur de sa famille et l’ennemi de la France. Ces relations furent surprises, exhumées pour ainsi dire et calomniées ; se voyant bien près d’un procès et de sa condamnation, tout innocent qu’il était, il se recommanda à la reine-mère et au connétable de Montmorency, ce dont il obtint tout succès ; mais à la condition qu’il mettrait ses grands biens à la dévotion de ses intercesseurs, ne s’en réservant que la jouissance viagère. Après sa mort (1565), le roi Henri II retint Chenonceau qu’il donna à sa maîtresse Diane de Poitiers ; quant au château de Saint-Cirgues, le connétable de Montmorency en fit son profit ; il en prit possession par procuration, le 6 décembre 1565, et mourut en 1567.

Henri de Montmorency, son fils, maréchal de France, échangea la terre de Saint-Cirgues pour le comté d’Alais, le 3 décembre 1575, avec Marc de Montboissier-Beaufort-Canillac auquel dut faire un retour de 12 000 livres. Marc en prit possession le 17 décembre de la même année. Jean de Montboissier, fils de Marc, fut en 1578, comte de Saint-Cirgues, seigneur de Châteauneuf-du-Drac, la Queuille, Guérines, Champeix, gouverneur de la Haute-Auvergne : il avait épousé, en 1565, Gilberte de Chabannes, dont il eut :

  • Jean-Timoléon, comte de Saint-Cirgues, lieutenant de la Basse Auvergne, marié en 1596 à Gaspard Mitte de Miolans, dont : A
  • Jacques-Timoléon, comte de Saint-Cirgues, marié à Catherine Martel de Trefort,
  • Dont Charles-Timoléon, comte de Saint-Cirgues, seigneur de Chidréac, Périers, Pardines, Champeix, etc…, lequel rendit la foi-hommage, le 11 juillet 1670, à Mademoiselle d’Orléans, duchesse de Montpensier, dauphine d’Auvergne, pour Saint-Cirgues, mouvant du Dauphiné d’Auvergne. Ce dernier avait épousé Claire–Julie Hurault de l’Hospital, dont il eut :
  • Philippe, marquis de Canillac, comte de Saint-Cirgues, seigneur de Champeix, Sugères, Châteauneuf-d-Drac, Guérines, prince de Combret, lieutenant-général, etc, décédé en 1725 sans postérité ; il habitait Saint-Cirgues, lorsqu’il venait en Auvergne.

Après sa mort, la terre de Saint-Cirgues fut vendue en licitation avec celles de Champeix, Périers, Pardines, le 14 juin 1732, moyennant 106 500 livres. L’acquéreur fut Yves d’Allègre, maréchal de France, mort en 1733. Marie-Marguerite d’Allègre, l’une des filles de ce maréchal, dame du palais de la reine, avait épousé, en 1705, François-Joseph de Recours-Lenslicques, comte de Rupelmonde, et mourut sans postérité. C’était une grande amie de Voltaire, qui lui adressa la fameuse « Epître à Uranie ». Elle passait un été au château de Rupelmonde et un autre à Saint-Cirgues. Elle obtint du roi l’érection de la terre de Tourzel en marquisat, avec Saint-Cirgues, Meilhaud, Saint-Vincent, Saint-Floret pour dépendances, et Champeix pour chef-lieu. Cette dame avait eu un fils, mort à la guerre avant sa mère, marié à la fille du duc de Grammont. Se voyant sans enfants, elle fit donation du marquisat de Tourzel et, par suite de Saint-Cirgues, le 20 août 1751, à son petit-neveu, Louis-Emmanuel du Bouchet, comte de Sources et de Montsoreau. Celui-ci, qui mourut sans postérité en 1755, était fils de Louis du Bouchet, grand prévôt de France, marié en 1741 â Marguerite-Henriette des Marets de Maillebois (celle-ci, fille du maréchal de Maillebois et de Marie-Emmanuelle d’Allègre, était la nièce de la comtesse de Rupelmonde). Louis du Bouchet de Sourches, né en 1744, frère puîné de Louis-Emmanuel et son héritier en partie, grand prévôt de France, devint, après lui, seigneur de Saint-Cirgues ; il avait épousé, en 1764, Louise-Elisabeth d’Havré, gouvernante des Enfants de France sous Louis XVI, laquelle fut créée duchesse de Tourzel en 1816. Il mourut en novembre 1786, des suites d’un accident de chasse à Fontainebleau, étant avec le roi. Son fils, Charles-Louis-Yves, marquis de Tourzel, dernier seigneur de Saint-Cirgues, mort avant sa mère, laissa trois enfants :

  • Olivier-Henri-Charles Roger, duc de Tourzel, mort sans postérité, le dernier de son nom ;
  • La duchesse des Cars ;
  • La duchesse de Lorge ;
  • Anne-Hélène-Aldegonde, qui eut en partage la terre de Saint-Cirgues et fut mariée, en 1830, au comte d’Hunolstein, membre de la Chambre des députés. Mme la comtesse d’Hunolstein a laissé un fils puîné, le baron Félix Hunolstein, propriétaire actuel du château de Saint-Cirgues, marié en 1859 à Melle Marie de Montmorency, fille de M. le prince de Montmorency-Luxembourg, dont postérité.

V. Mss. De Dulaure, à la bibl. de Clermont, n° , des nus, Sur l’Auvergne. Chabrol — Coût. D’Auvergne, t. IV, p. 536.
Cartulaire de Sauxillanges.
Dulaure — Description de l’Auvergne, 1789.
Calendrier d’Auvergne, 1762.
Ms. Crouzet, à la bibl. de Clermont.
Neulat. Géographie du départ. du .Puy-de-Dôme, p. 147.
Nobiliaire d’Auvergne, T ler, p. 240.
Annuaire de la noblesse, par Borel d’Hauterive, année 1845, p. 108-109. Archives du château de Saint-Cirgues.
Généalogie de la maison du Prat, par le marquis du Prat, p. 25-26.

Croix

A la fin du XVème siècle, le sommet de l’élégance est atteint avec la croix de Saint-Cirgues. Cette fois, le donateur est un personnage éminent : il s’agit de Thomas Bohier, ministre des finances du royaume et seigneur de Saint-Cirgues en 1494. Le fut est spiralé, tandis que le croisillon est soutenu par un nimbe quadrangulaire, délicatement découpée et orné, comme les fleurons, de choux frisés.

Les croix en raquette

La forme compacte des croix primitives survit avec les croix en raquette, dont le croisillon ajouré s’agrémente de lignes de plus en plus contournées. Les modèles sont d’une extrême variété. Parfois, les pointes du losange curviligne prennent place entre les bras de la croix, donnant à la raquette un aspect rayonnant. La croix de Saint-Cirgues diffère assez peu de ce dernier modèle : la raquette dessine un quadrilatère redenté, dont les pointes s’élargissent en choux frisés.

Généralement assise dans les modèles les plus anciens, la Vierge est plutôt debout au cours de la période flamboyante (Saint-Cirgues).

Saint-Cirgues

Croix de la placette, au sud du bourg, andésite, fin du XVème.

C’est la plus illustre des croix auvergnates, la seule de la province qui figure au musée des moulages, à Paris. Les bras du croisillon, moulurés et terminés par des fleurons en forme de chou frisé, sont réunis par une élégante raquette. La figuration comprend un Christ, à la tête inclinée sur l’épaule droite, et une Vierge soutenant les pieds de l’Enfant, suivant le célèbre modèle du Marthuret. Le titulus du Christ a sa correspondance, du côté de la vierge, avec l’écriteau :  » I M A  » (= Jésus Marie) Le fût spiralé est doté de quatre écus martelés ; on y reconnaît, du côté du Christ, les emblèmes des Bourbons et des Dauphins d’Auvergne, et, sur le revers, les blasons mi-partis du roi de France et d’Anne de Bretagne, d’une part, et de Thomas Bohier et de Catherine Briçonnet, d’autre part (Thomas Bohier est seigneur de Saint-Cirgues en 1494 et le premier mariage d’Anne de Bretagne se situe en 1491). Enfin, le dé, à deux étages cubiques, est raidi de nervures médianes.

Sur la place du château, andésite, XVIe – XVIIe s.

Croix pattée, aux extrémités lobées, avec quadrilobe central abritant un Christ miniature. Le fût prismatique est monté sur un dé gothique, de forme cubique, avec moulures horizontales et nervures médianes. Ce dé pourrait être celui qui avait été conçu pour porter le très beau croisillon conservé dans l’église.

Dans l’église, andésite – XVIe s.

Croisillon aux bras cylindriques réunis par une raquette et terminés par des fleurons en chou frisé. La figuration, Christ et vierge tenant un pied de l’Enfant, dérive de celle de la placette, mais elle est légèrement plus évoluée : on remarque, notamment, que la Vierge ne porte plus de couronne.

SAINT-CIRGUES
Commune du canton de Champeix
Arrondissement d’Issoire
Bibliothèque municipale universitaire de Clermont
Canton de Champeix, arrondissement d’Issoire.
Etendue de la commune, 155 hectares, 22 ares.
Divisés en 1045 parcelles, dont 74 propriétés bâties.
La septérée, ancienne mesure, est de 1200 toises.
Population, 225 habitants.
Nombre de feux, 78.
Intérêts de fonds ruraux à 2.92 %.
Distance du canton, 6 kilom.
• de l’arrondissement, 1 myriam. (?).
• de Clermont, 3 myriam. 2 kilom.
Longitude 00° 48′ 34″
Latitude 45° 32′ 52″
Hauteur absolue, 460 m.


Articles du journal La Montagne

Nos partenaires institutionnels et privés

L’Association pour la Sauvegarde du Château de Saint Cirgues sur Couze adresse ses remerciements

à tous ses partenaires sans lesquels la fête du château ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui.