Vers 1470, la seigneurie de Saint-Cirgues est acquise par Austremoine Bohier, grand Argentier du Roi Louis XI. C’est à lui et à son fils Thomas, Chambellan du Roi, que l’on doit, au début du XVIème siècle, la construction de ce château, conçu pour une famille de fonctionnaires royaux, en pleine ascension sociale. 

Le château reproduisait alors le plan d’une forteresse féodale du Moyen-Âge, avec ses attributs défensifs classiques : douves, tours d’angles, créneaux. Quelques années après, Thomas Bohier et sa femme Catherine firent bâtir le château de Chenonceau, inspiré de celui de Saint-Cirgues. Transformé vers le milieu du XXème siècle en colonie de vacances, le château a été victime en 1990 d’un incendie qui détruisit une partie des corps de logis et leurs toitures, épargnant néanmoins les quatre tours, ainsi que la chapelle. Cet incendie fut ressenti comme un drame par la population, très attachée à ce monument. Actuellement propriété de la commune ainsi que son parc, il a été inscrit le 8 février 2002 à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. 

A la différence de nombreux châteaux français, le château de Saint-Cirgues n’est pas resté au cours des siècles entre les mains d’une même famille ou d’un même lignage. Il a, du fait de mariages sans descendance ou du décès précoce de l’un des héritiers, fait l’objet de rétrocessions successives et connu, au fil des siècles, de multiples propriétaires. C’est à ce titre que l’histoire du château a croisé, à diverses reprises, le destin de familles illustres ayant de près ou de loin participé à l’Histoire de la France.

Saint-Cirgues et les Dauphins d’Auvergne : de l’âge roman au XIVème siècle

C’est à l’initiative des Dauphins d’Auvergne qu’est édifiée à Saint-Cirgues, en bordure de la Couze Pavin, une première maison forte. On en trouve trace en 1262, le bien appartenant à Robert Dauphin d’Auvergne. Sa fonction est de contrôler le passage à gué d’un chemin reliant la vallée de l’Allier aux hautes terres du Cézallier et du Cantal, empruntant le tracé d’une ancienne voie romaine. Cette première construction médiévale participait d’un système de surveillance constitué de mottes castrales, de châteaux, de tours de guet, dont de multiples vestiges archéologiques subsistent encore. Cette première maison forte de Saint-Cirgues est transmise au sein de la famille des Dauphins, puis elle échoit à la fin du XIVème siècle à la famille de Bourbon. Mais la fonction initiale, qui était purement militaire, a perdu peu à peu de son sens avec la fin de la féodalité. Rien d’étonnant dès lors à ce que le château soit mis en vente et racheté à la fin du XVème siècle par un bourgeois de la ville voisine d’lssoire, afin d’établir là son lieu de villégiature.

Saint-Cirgues et la famille Bohier : 1460-1565

Comme nombre de bourgeois de l’époque, la famille Bohier aspire à posséder une propriété hors les murs de la ville. Austremoine Bohier acquiert donc en 1460 la maison forte afin de la transformer en une résidence plus accueillante. Secrétaire des rois Charles VII et Louis XI, il est anobli en 1490. Son fils Thomas, né en 1465, devient à son tour seigneur de Saint-Cirgues et est nommé conseiller-maître des comptes et secrétaire des finances du Roi. Profitant de la fortune et du rang ainsi acquis en sa qualité de grand financier, il lui revient dans les années 1495, de rebâtir partiellement le château de Saint-Cirgues et ce dans l’esprit de la Renaissance, lui-même ayant été largement imprégné du développement artistique que connaît alors le Val de Loire. Pour appartenir à la société de cour, la famille Bohier aspire à affirmer à Saint-Cirgues toute sa magnificence et à créer là un lieu de prestige et d’apparat. Délaissant toute contingence défensive, le château est repensé selon les évolutions architecturales qui viennent d’Italie : recherche de la symétrie, hardiesse des volumes, hauteur des toitures, dimension des baies, ouverture sur l’extérieur. Saint-Cirgues apparait comme la parfaite illustration des édifices datant des premières années de la Renaissance française. La famille Bohier ne fait d’ailleurs là que ses premières armes, puisqu’elle acquiert, en 1513, le château de Chenonceau où elle s’attachera à réaliser un château d’exception, s’élevant au-dessus des eaux du Cher.

A Saint-Cirgues, comme à Chenonceau, elle fera graver ses armoiries d’or au lion d’Azur et au chef de gueule. Saint-Cirgues apparaît donc comme l’un des plus méridionaux des châteaux de la Loire. Il n’a pas l’élégance raffinée et aboutie que l’on connaîtra plus tard en Touraine, mais il en est l’un des précurseurs, affirmant la transition entre le Moyen Age finissant et l’Epoque moderne. A ce titre, il constitue un jalon architectural majeur. La famille Bohier appartient à la poignée d’hommes titulaires des grands offices financiers qui gèrent et manient l’argent dont les rois de Charles VII à François Ier ont besoin pour leur vie de cour et surtout pour mener à bien leur politique extérieure. Véritables piliers de l’administration royale, leur loyauté et leur dévouement à la monarchie se doivent d’être sans faille, ce d’autant que leur charge participe largement à leur enrichissement personnel. Souvent accusés de malversations, ils sont l’objet de disgrâce comme c’est le cas pour Antoine Bohier à la mort de son père Thomas et de sa mère Catherine Briçonnet en 1524. Condamné à liquider les biens de son père, il conserve toutefois Saint-Cirgues et Chenonceau. Il se verra cependant dans l’obligation de renoncer à Chenonceau, le cédant en 1535 à François ler, dans l’espoir d’obtenir à nouveau les bonnes grâces du roi. Quelques années plus tard son fils Jean devra à son tour abandonner Saint-Cirgues. Victime d’intrigues de la cour, il lui est en effet fait reproche d’avoir eu, dans sa jeunesse, des relations d’amitié épistolaires avec Charles de Bourbon, connétable félon. Il se trouve que ce dernier, pour sauver l’immense héritage de son épouse, héritage convoité par le roi lui-même, n’avait pas hésité à trahir son roi et à se rapprocher dès 1523, de son ennemi juré Charles Quint. Compromis par ses écrits, considéré comme complice du connétable félon, Jean Bohier ne trouve d’autre issue que de rechercher l’intercession de la reine mère et du connétable Anne de Montmorency. Mais la grâce obtenue a un prix : faire donation de ses biens au connétable et n’en conserver qu’un usufruit viager.

Saint-Cirgues et les Montboissier Beaufort-Canillac : 1575-1732

Lorsque le connétable de Montmorency prend possession du château en 1565, s’ouvre alors une longue période au cours de laquelle l’édifice va être échangé, vendu, rétrocédé. Les propriétaires successifs n’apportent aucune modification majeure à l’édifice qu’ils n’occupent d’ailleurs qu’épisodiquement. Le château se trouve relégué au rang de résidence secondaire par des familles de grands féodaux auvergnats qui ne voient dans sa possession d’autres intérêts que de percevoir les revenus de la seigneurie. Propriété d’Anne de Montmorency puis de son fils, la seigneurie et le château font l’objet d’un échange dès 1575, avec Marc de Montboissier Beaufort-Canillac. La famille, désormais implantée à Saint-Cirgues, fait un saisissant contraste avec les Bohier. Ce sont des féodaux ayant embrassé la carrière des armes qui possèdent Saint-Cirgues et qui vont se trouver mêlés, de près ou de loin, aux évènements marquants de la fin du XVIème et du début du XVIIème siècles.

Erigé en 1578 en comté en faveur de Marc de Montboissier Beaufort-Canillac, Saint-Cirgues passe par héritage à Jean de Canillac, Lieutenant général d’Auvergne. Ce dernier s’illustre lors des Guerres de religion, tentant notamment de reprendre lssoire au fameux capitaine Merle et guerroyant en Gévaudan contre les calvinistes. Mais, il s’illustre surtout à l’occasion de la captivité de Marguerite de Valois en Auvergne. Lui revient en effet la mission, sur ordre royal, d’arrêter et d’emprisonner à Usson la célèbre Reine Margot. Ebloui par les fastes de la cour d’Usson et surtout par la beauté de la captive, bien que « brave et vaillant » aux dires de Brantôme, il ne peut résister à celle qui « de ses yeux et de son beau visage peut assujettir en ses liens et chaînes tout le reste du monde comme un forçat ». Sous le charme de la captive, puis éconduit, éloigné du royaume de France, démis de ses charges, il comprend mais un peu tard qu’il avait joué un rôle de dupe, de gentilhomme berné. A sa mort en 1589, son fils Jean Timoléon, comte de Saint-Cirgues, lui succède. Il se fait remarquer comme un chef de guerre violent, brutal, laissant ses soldats rapiner, piller et incendier nombre de villages auvergnats. Durant trois générations, Saint-Cirgues est entre les mains de la famille Montboissier Beaufort-Canillac, ces derniers préférant, comme les gentilhommes de l’époque, soit vivre à la cour, soit séjourner aux armées. En 1732 le dernier des Montboissier Beaufort-Canillac décède sans postérité. Le château est mis en adjudication et passe alors aux mains de la famille de Tourzel d’Allègre.

Saint-Cirgues et la famille de Tourzel d’Allègre : 1732-1839

La famille d’Allègre, d’origine chevaleresque, était initialement possessionnée en Velay. A la suite du siège du château d’Allègre, la propriété passe aux mains du duc d’Auvergne, Jean de Berry, qui lui-même la rétrocède en 1385 à l’un de ses favoris, Morinot de Tourzel. La famille de Tourzel était, elle, implantée à quelques lieux de Saint-Cirgues. En bordure de la voie d’accès aux montagnes cantaliennes sur laquelle les Dauphins avaient exercé une surveillance au franchissement de la Couze à Saint-Cirgues, existait une tour de guet, une tour seule, turris sola. De là était originaire Ia famille de Tourzel dont le nom se référait à la fortification isolée. Sans doute est-ce par attachement à leur fief originel et par la proximité de Tourzel et de Saint-Cirgues, que la famille de Tourzel d’Allègre se porte, en 1732, acquéreur du château. Yves V de Tourzel d’Allègre, vaillant combattant ayant participé à toutes les guerres menées par Louis XIV, promu au titre de maréchal de France, devient le propriétaire éphémère du château puisqu’il décède en 1733, un an après en avoir fait l’acquisition. Saint-Cirgues est alors la propriété de l’une de ses petites filles : Marguerite de Tourzel. Mariée à un aristocrate flamand, le comte de Rupelmonde, la comtesse est ambitieuse et rêve d’occuper un poste important à la cour, au point de faire sculpter au-dessus de la grande porte du château de Saint-Cirgues ses armoiries, leur adjoignant un manteau et une couronne d’allure ducale, dans l’espoir d’en usurper le titre. Son temps à Versailles, au cours duquel elle a su tisser des liens d’amitié, notamment avec Madame de Maintenon, est brutalement interrompu lorsqu’en décembre 1710, son mari qui combat pour la guerre de succession d’Espagne est mortellement blessé. La jeune veuve se retire alors à Saint-Cirgues et au terme d’un deuil de quelque dix-huit mois, elle réapparaît à la cour. Ambitieuse, elle joue, gagne de l’argent, fascine les hommes au point que Voltaire, en des vers flatteur, la compare à Vénus. Elle a 34 ans, Voltaire 28 et entre eux s’établit une relation que d’aucuns ont voulu voir amoureuse ; d’autres plus prosaïquement une amitié platonique, celle d’un confesseur auprès de qui Madame de Rupelmonde faisait part de ses doutes et ses perplexités quant à la religion. Une chose est certaine, c’est à l’occasion d’un voyage en Hollande qu’effectuent ensemble Madame de Tourzel et Voltaire que ce dernier écrit le poème fameux intitulé Epitre à Uranie où il affiche un déisme affirmé. Après une vie de cour fort brillante, elle était Dame au palais de Marie Leczinska, elle est affectée par la mort de son fils, maréchal de camp comme son père, puis de son petit- fils. Elle se retire alors définitivement sur ses terres d’Auvergne dans un château de Saint-Cirgues rénové au goût du jour.

Frappée par ses deuils cruels, elle décède en 1752 ayant fait don un an auparavant de ses biens, Saint-Cirgues compris, à son neveu, fils de sa sœur cadette, Louis Emmanuel de Bouchet de Sourches, premier marquis de Tourzel. Par héritages successifs, Saint-Cirgues échoit quelques années plus tard, en avril 1764, dans la corbeille de mariage de Louis de Bouchet de Sourches, grand prévôt de France et d’Elisabeth de Croix d’Havré. Cette dernière est une personne de haut rang, elle boude Saint-Cirgues mais fréquente assidument la cour, bien que son nom n’apparaisse pas en vedette aux fêtes données à Versailles ou à Trianon. Elle réside à Paris en son hôtel de la rue de Grenelle et se consacre à l’éducation de ses cinq enfants. Le bonheur est de courte durée, en 1786, son mari est victime d’un accident de cheval à la chasse du roi à Fontainebleau. Après un temps de résidence sur ses terres d’Auvergne, elle réapparait à la cour. Par sa distinction, sa réserve emprunte de dignité, elle s’attire l’estime, voire une forme d’amitié, de la part de la famille royale. Cette relation de confiance vaut à Madame de Tourzel d’être choisie par la reine, lorsqu’elle décide de remplacer Madame de Polignac comme préceptrice des enfants de France. Dès lors, la vie de Madame de Tourzel va se confondre avec celle de la famille royale. Ce sera aussi pour elle l’occasion de voir son destin se croiser avec celui d’un autre illustre aristocrate auvergnat : le marquis de La Fayette. Ce dernier, après avoir participé à la capitulation des Anglais, à la bataille de Yorktown en 1781, est rentré en France. Il a certes l’aura du héros, mais ses opinions politiques le tiennent écarté de toute responsabilité nationale. Il rêve d’un pouvoir royal rénové, plus moderne. Il se fait notamment remarquer lors de la première assemblée des notables réunie à Versailles en 1787, au cours de laquelle il lance l’idée de convoquer des Etats généraux. Il s’érige en porte-parole de l’aristocratie libérale et lorsque l’idée de créer une milice citoyenne -la Garde nationale- voit le jour à l’issue des troubles des 12 et 15 juillet 1789, La Fayette s’en fait élire général.

Dans le même temps, Madame de Tourzel vit aux côtés de la famille royale et, depuis les journées d’octobre 1789, Versailles, symbole d’absolutisme, a été abandonné. La famille royale réside désormais au palais des Tuileries, au cœur de Paris, où les révolutionnaires estiment qu’aucun secours ne pourra venir de l’étranger, appelant toutefois à la vigilance la Garde nationale et le peuple de Paris. Le roi prend conscience, chaque jour davantage, de son incapacité à maîtriser voire plus simplement à contrôler le mouvement révolutionnaire. L’idée de s’enfuir, de quitter la France pour se réfugier en Autriche, patrie de Marie-Antoinette, s’impose alors comme la seule issue possible. Nombreux sont d’ailleurs les aristocrates, dont Madame de Polignac, qui ont pris le chemin de l’émigration. La décision de fuir est prise. Le 20 juin t79L au soir la reine déguise ses enfants pour une évasion nocturne. Rejoints bientôt par le roi, ils quittent Paris dans une lourde berline aux environs de minuit, en direction de la frontière orientale. Les déguisements sont parfaits : le dauphin est grimé en fille, les identités fausses et inventées, les titres interchangés : Madame de Tourzel est désormais la baronne de Korff, la reine devient sa femme de chambre, Madame Rochet, le roi, qui pour dissimuler sa coiffure porte un chapeau de laquais, est son intendant, au nom passe partout de Durand. Mais au matin du 2t juin à Paris, l’émotion est totale : la famille royale a disparu.

On prête alors à La Fayette la célèbre formule : « Les oiseaux se sont envolés ». En sa qualité de chef de la Garde nationale, sa responsabilité est engagée : il lui faut de toute urgence lancer des courriers pour rechercher les fuyards. Mais il faut aussi donner le change et accréditer la thèse d’un enlèvement par des contre-révolutionnaires. Le destin de La Fayette et de Madame de Tourzel vont alors se croiser à minuit et demi le 22 juin 1791. Arrivent en même temps, à Varennes en Argonne, deux courriers lancés par La Fayette et la lourde berline des fuyards qui a roulé toute la journée du 21 juin. Les courriers annoncent la fuite de la famille royale, le tocsin se met à sonner, la voiture est arrêtée, la supercherie découverte, l’identité des époux royaux est reconnue et Madame de Tourzel, alias la baronne de Korff, démasquée. Dès six heures du matin, sous bonne escorte, le convoi royal entreprend le trajet en sens inverse. La route du retour s’effectue sous la huée de la foule massée dans les villages. Le cortège rejoint ainsi le palais des Tuileries où les gardes nationaux et La Fayette les attendent. Les fuyards sont désormais en résidence surveillée. Pour le roi, le beau rêve s’effondre, la tragédie va commencer. Pour La Fayette, les espoirs de voir s’instaurer une monarchie constitutionnelle s’évanouissent. Les événements vont alors s’enchaîner très vite. La journée du 10 août le peuple de Paris envahit les Tuileries, c’est la chute de la monarchie, le 13 août, la famille royale est conduite au Temple, bâtiment fortifié entouré d’une enceinte, propriété de l’ordre de Malte. Madame de Tourzel et quelques nobles restés fidèles sont également emprisonnés. Elle se voit alors confier la garde du jeune dauphin avec qui elle partage la même chambre. Dans la nuit du 19 au 20 août, la marquise de Tourzel et la sœur du roi sont transférées à la prison de la Force. Etonnamment, elle n’est pas inquiétée lors des massacres de septembre, plus étonnant encore, celle qui était la seule dépositaire des ultimes volontés de Louis XVI et de Marie-Antoinette fut par la suite arrêtée à diverses reprises mais jamais condamnée. Seulement assignée à résidence en ses châteaux d’Abondant ou de Saint-Cirgues ou encore chez sa fille au château voisin de Meilhaud, elle échappe à la tourmente révolutionnaire. Son exil dure jusqu’en 1808, lorsque Napoléon consent à rapporter l’ordre d’exil ; puis avec le retour des Bourbon, Louis XVIII, particulièrement reconnaissant envers celle qui fut la courageuse gouvernante des enfants de France, érige Tourzel en duché. 

Saint-Cirgues et la famille d’Hunolstein : 7839-7952

En 1839 à la mort de Madame de Tourzel, le titre passe à son petit-fils qui, ne laissant aucun enfant vivant, transmet alors saint-cirgues à l’une de ses sœurs, Anne-Hélène, qui avait en 1830 épousé Henry Vogt comte d’Hunolstein. Pendant le XIXème siècle et le début du XXème siècle, Saint-Cirgues demeure la propriété de la famille d’Hunolstein, d’extraction chevaleresque et originaire de Lorraine. Henry puis son fils Félix et son petit-fils Hervé résident à Saint-Cirgues, qu’ils font entièrement restaurer, confiant la direction des travaux à l’architecte diocésain Aymon Gilbert Mallay et à son fils Jean Baptiste Emile. Le château est repensé dans le style néogothique qui prévaut à l’époque. Aux quelques éléments d’architecture médiévale conservés ou récupérés, sont adjoints des postiches : portes cantonnées de tourelles, murs crénelés, restituant une vision quelque peu idéalisée du Moyen Age. De cette époque datent surtout les principaux aménagements intérieurs : boiseries, décors peints, tableaux de maîtres, tapisseries, meubles signés sont autant d’éléments d’une ornementation raffinée à l’intérieur d’un édifice qui se réfère à un Moyen Age demi imaginaire.

Epilogue : 1952 à nos jours

A la mort d’Hervé d’Hunolstein en 1952, le château revient à ses neveux : la famille Bouillé. Vidé de ses meubles et œuvres d’art, le château est vendu puis à nouveau rétrocéder jusqu’à ce que la société Rhodiaséta décide en 1958 de l’acquérir et de créer là un centre de vacances. Sans aucun respect patrimonial, le château est réaménagé afin de répondre aux impératifs d’une architecture de loisirs et de collectivités. L’objectif est d’offrir aux enfants les vertus du plein air et de répondre à leur attrait pour la campagne. Saint-Cirgues, avec son vaste parc qui l’entoure, s’inscrit alors dans la longue liste des châteaux reconvertis en colonies de vacances par des comités d’entreprises soucieux d’offrir aux enfants du personnel des programmes de vacances « à vocation hygiénique, pédagogique et sportive ». C’est à l’occasion de travaux de strict entretien des toitures du centre de vacances, que le feu se déclare au matin du 29 mars 1990, détruisant la totalité des toitures et les boiseries intérieures. Pendant près de 10 ans, Saint-Cirgues n’est qu’une sinistre ruine, les vestiges subsistant du château semblant voués à la démolition.

L’acquisition par la commune, l’inscription à l’inventaire supplémentaires des Monuments historiques, la création d’une association de sauvegarde, l’engagement de nombreux bénévoles très déterminés, les mesures d’urgence et de mise en sécurité engagées à partir de 2007, le projet de création d’un centre scolaire intercommunal font que l’on peut aujourd’hui espérer, avec quelques raisons, voir revivre le château de Saint-Cirgues. L’originalité première du château de Saint-Cirgues réside dans le fait que se sont succédés là des personnages célèbres ayant pris part de près ou de loin à l’histoire de la France. A lui tout seul, il est une forme de « salle des illustres » célébrant des personnalités marquantes dans des domaines très différents. Qu’ils s’agissent des Dauphins d’Auvergne qui avaient à cœur de protéger leur principauté féodale contre toute tentative d’ingérence de leurs rivaux.

Demain, continuons à écrire l’histoire, faisons en sorte de donner au monument une nouvelle finalité, celle d’une école pour les enfants de Ia République. Le groupe scolaire intercommunal que nous appelons de nos vœux, par les actions éducatives que l’on y développera en direction de la jeunesse, donne au château de Saint-Cirgues, qui plonge ses racines dans le passé’ une ouverture vers l’avenir.

 

Les travaux du Dr. Emile Roux

Le Docteur Emile Roux rédige au cours du XXème un historique très intéressant sur le château. Vous pouvez le lire en cliquant sur le bouton ci-dessous :

 

Nos partenaires institutionnels et privés

L’Association pour la Sauvegarde du Château de Saint Cirgues sur Couze adresse ses remerciements

à tous ses partenaires sans lesquels la fête du château ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui.